Ce que The Magnus Archives m’a appris (sur moi)

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The Magnus Archives
the magnus archives is a podcast distributed by rusty quill

Bénéfice du confinement (première édition) ? La découverte des podcasts. J’avais déjà entendu parler de ce format de média en vogue mais je n’avais pas su trouver le temps pour m’y intéresser de plus près. Ainsi, pendant 3 mois enfermée dans mon appartement de 23m2, les podcasts ont rythmé mes journées. Et cela a même continué avec le déconfinement. Pod Save America, Lovett or Leave It, 2 Heures de perdues (merci pour la sérotonine), David Tennant does a podcast ou encore La Matrescence

Autant vous dire que mes statistiques du prochain Spotify Wrapped vont être radicalement différentes des précédentes.

Cela m’a donné une certaine curiosité pour le média et c’est ainsi qu’au détour d’une balade sans but sur Twitter, j’ai vu un nom revenir régulièrement : The Magnus Archives (TMA pour les intimes). Il s’agit d’un podcast d’horreur gore qui dispose d’une communauté confortable sur toutes les plateformes (Twitter, Tumblr, Reddit, notamment).

Et de façon assez surprenante, certains épisodes parlent de moi. Explications.  

The Magnus Archives is a podcast

Le pitch : Le Magnus Institute est une organisation londonienne qui recueille les témoignages de personnes ayant eu affaire à des événements surnaturels (le côté horrifique du surnaturel). Jonathan Sims, le nouvel Archiviste en chef après la disparition de l’Archiviste précédente, cherche à faire le ménage dans les dossiers et entame l’enregistrement des témoignages. Pour en vérifier la véracité (et contextualiser les événements), il dispose d’assistants de recherche qui interviendront ponctuellement lors des épisodes.

Si la première moitié de la saison 1 fonctionne sur le modèle 1 cas par semaine, certains noms reviennent assez régulièrement pour qu’on comprenne qu’il ne s’agit pas d’événements isolés. Au fur et à mesure des épisodes (et des saisons), le podcast fait évoluer ses personnages, développe une mythologie globale autour des différentes peurs (les Entités), ajoute des intervenants et en fait disparaître d’autres.

Tout pour garder les auditeurs en état d’alerte maximal.

Bannière The Magnus Archives

Raconter des histoires avec la voix : la solution pour la représentation ?

The Magnus Archives, c’est le premier podcast « feuilleton » que j’écoute. C’est la première fois que je dois uniquement me fier aux intonations des personnages et quelques indices sonores pour visualiser une histoire. De quoi me faire sursauter lorsque des jumps scares viennent perturber l’écoute… Cela rend le format encore plus intéressant : sans critères visuels, les personnages de The Magnus Archives peuvent ressembler à n’importe qui. Quelques remarques en passant dans certains épisodes permettent de donner des indications concernant l’apparence des différents intervenants (en plus de leurs noms) mais ensuite, chacun peut leur donner la forme qu’il souhaite.

Cela ouvre le champ des possibles pour la communauté de fans (fanfictions, fanarts, notamment) et pour les créateurs du podcast, qui cherchent à être les plus inclusifs possibles.

Ces derniers adhèrent également largement au principe de « mort de l’auteur » (hello JK). Si certains aspects des personnages sont canoniquement validés dans l’univers, une grande liberté d’interprétation est laissée aux auditeurs. Les créateurs refusent d’imposer une interprétation unique (leur interprétation) de l’œuvre.

Ce que mes épisodes préférés révèlent de moi

J’ai écouté les 180 épisodes disponibles (à l’époque) en 2-3 semaines. Et je ne vais pas mentir : même si j’ai un très bon niveau d’anglais, je n’ai forcément pas compris toutes les nuances des épisodes. Sur beaucoup d’épisodes, je me retrouve plus à me laisser bercer par la voix des différents narrateurs qu’à essayer à tous prix de comprendre. Je lis quand même les transcripts après l’écoute (on ne sait jamais).
Cela n’empêche pas certains épisodes d’avoir un impact important sur moi. Il s’agit d’épisodes que j’écoute plusieurs fois pour être sûre. Être sûre que ces épisodes-là parlent de moi.

The Magnus Archives développe sa mythologie autour de 14 peurs, qui ont des petits noms comme The Web, The Flesh ou encore the Corruption.

The Lonely : la peur de l’isolation, d’être complétement seul ou déconnecté du reste de la société

Mais s’il y a une peur qui a résonné, c’est The Lonely. La peur de l’isolation, la peur d’être déconnecté du reste de la société.

Ce qui est assez ironique puisque j’aurais plutôt tendance à me décrire comme une solitaire. Je veux dire : ces différents confinements ne changent pas beaucoup ma routine. Je me retrouve même à voir plus souvent mes amies/ma famille en visio pendant le confinement que le reste du temps hors confinement. Full ermite.

Alors pourquoi ces épisodes-là sont ceux qui m’ont presque faite pleurer ? Peut-être que c’est le traumatisme de l’adolescence qui refait surface.

Celui de faire partie d’un groupe mais de n’être jamais entièrement sur la même longueur d’ondes.

Celui d’être dans une salle pleine à craquer, toute cette énergie qui électrise et d’être condamnée à me retrouver dans un coin, mal à l’aise. De faire partie du décor. D’être fondamentalement (trop) différente. Et d’être terrorisée à l’idée de passer ma vie à me battre pour exister, pour mériter ma place.

Parce qu’il y a une différence entre être une solitaire et être seule.

En fait, The Magnus Archives m’a fait accepter que je ne voulais pas être seule.  

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